L’intelligence artificielle bouleverse déjà la création musicale !

L’intelligence artificielle bouleverse déjà la création musicale !

L’intelligence artificielle (IA) transforme radicalement notre manière de créer de la musique. Utilisée à bon escient, les outils d’IA peuvent être des assistants précieux pour les artistes, qui peuvent se concentrer sur les tâches les plus créatives de la production musicale. Lors de la conférence PRISM de mai dernier, Matteo Sorci, Account Executive chez Dell Technologies, a présenté les avancées majeures dans ce domaine et démontré comment l’IA générative est en train de révolutionner la création musicale.

Matteo Sorci a d’abord rappelé l’impact considérable de l’intelligence artificielle dans divers domaines. « Dans le secteur des soins, l’IA permet de détecter certains cancers mieux que l’humain. En finance, les algorithmes d’IA détectent à 95% et en quelques millisecondes les transactions frauduleuses », a-t-il expliqué.

Le divertissement n’est pas en reste. « 80% du contenu Netflix est par exemple recommandé grâce à l’intelligence artificielle », a souligné l’expert. Cette omniprésence continue de s’étendre, notamment dans la création artistique. Et le domaine de la musique n’est pas en reste.

Un partenaire pour les créateurs, pas un remplaçant

Contrairement aux craintes de certaines et certains, Matteo Sorci voit l’IA comme un collaborateur qui amplifie les capacités humaines. « L’IA ne remplace pas la créativité, elle transforme le processus créatif lui-même ». Ce phénomène se concrétise dans la pratique. « En 2024, plus de 45% des producteurs professionnels de musique utilisent l’IA dans leur travail quotidien. Et cette proportion augmente rapidement ».

Lors de sa présentation, Matteo Sorci a clarifié une distinction importante. « L’IA traditionnelle mange de la donnée et reconnaît des modèles récurrents pour faire des prédictions. Les IA génératives sont davantage créatives. Elles prennent des données et génèrent quelque chose de différent ou de nouveau ». Reste que la créativité fait toute la différence dans le domaine artistique, où l’émotion joue un rôle central. Et cette créativité reste l’apanage de l’humain, même si l’IA peut aider ou inspirer.  

Une longue histoire, des progrès fulgurants

La musique générative n’est pas un concept récent. C’est Mozart qui a déjà été précurseur en 1787, avec son « jeux de dés ». « Le compositeur a pré-créé des mesures qui vont ensemble. En fonction des dés tirés par l’orchestre, cela donnait un morceau différent, avec des mesures compatibles entre elles », a expliqué Matteo Sorci.

L’évolution s’est accélérée, avec, en 1957, la première composition par ordinateur. En 2010-2016, plusieurs start-up ont éclos dans le domaine, avant l’arrivée dès 2017 des « transformers » par Google et Apple. Depuis lors, les modèles et algorithmes ont commencé à se mettre au service de la musique. Dès 2023, les applications comme Suno et compagnie ont commencé à émerger.

Quatre types d'IA musicale aujourd'hui

Matteo Sorci identifie quatre grandes familles d’outils IA pour la musique :

  • Ceux qui se basent sur du « Text to music » et qui créent ainsi de la musique à partir de mots-clés ou d’un prompt (Suno, MusicLM ou Udio).
  • Ceux qui permettent de modifier les voix pour leur donner une autre tonalité ou un autre style (ACE Studio, Audimee ou Kits AI)
  • Ceux qui génèrent automatiquement une musique d’accompagnement à partir d’un chant (AIVA, SingSong ou Mubert)
  • Ceux qui créent des sons de synthèse de A à Z, par exemple des bruitages ou des sons d’ambiance (ElevenLabs, MyEdit ou optimizer AI).

« J’ai du plaisir à composer avec ces outils, mais il faut les utiliser correctement. Lorsque c’est le cas, ces outils libèrent du temps pour la créativité pure ». L’IA est ainsi très utile pour faire le travail le plus fastidieux, par exemple l’ajout de musiques de fond et de bruitages sur des vidéos.

Une démonstration en direct

Pour conclure sa présentation faite lors de la Conférence PRISM, Matteo Sorci a réalisé une expérience participative en créant une musique avec l’audience. Chaque personne présente a pu voter pour le thème, le ton, le lieu, le style, le tempo et les instruments à intégrer dans le morceau. Le public a également pu proposer les mots-clés à inclure dans les paroles. Après avoir utilisé Claude pour générer les paroles et Suno pour la composition, il a démontré la puissance créative des outils d’IA actuels, avec deux créations d’environ 3 minutes, mêlant rock et r’n’b, qui ont impressionné l’auditoire présent.

Au-delà de ces démonstrations convaincantes, la question des droits d’auteur de ce type de musique reste encore à régler. « Pour le moment, c’est un no man’s land juridique. Dans l’attente des clarifications légales qui ne manqueront pas d’arriver, il ne faut pas hésiter à utiliser ces technologies, selon Matteo Sorci.

Propos recueillis le 13 mai 2025 à Monthey lors de la Conférence PRISM