IA

L’intelligence artificielle dans le graphisme : un outil, pas une menace

25 juillet 2025

L’intelligence artificielle (IA) bouleverse de nombreux secteurs professionnels, et le graphisme n’échappe pas à cette révolution technologique. Tim Meylan, enseignant en graphisme à l’École de design et haute école d’art du Valais (EDHEA) de Sierre, a récemment partagé ses réflexions sur l’impact de l’IA dans ce domaine créatif. Son analyse offre un éclairage nuancé sur les défis et opportunités auxquels font face les professionnels du graphisme.

« Le graphisme est dans une phase de transition par rapport à l’IA actuellement. On ne sait pas jusqu’où notre métier va évoluer », explique Tim Meylan. Cette transformation s’inscrit dans un mouvement plus large de démocratisation des outils créatifs. « L’IA dans le design est en lien avec la démocratisation des outils, comme dans d’autres métiers. Il y a quelques années, il était déjà possible pour des non-initiés de travailler avec des programmes comme Core ou Illustrator ». 

Malgré cette accessibilité croissante, Tim Meylan reste confiant quant à la valeur ajoutée des professionnels. « Aujourd’hui, un professionnel arrive très bien à faire la différence entre une création IA et une autre faite par un graphiste ». Cette distinction repose sur l’expertise, le sens critique et la sensibilité esthétique que possède un professionnel formé. 

Un assistant puissant plutôt qu'un concurrent

Loin de voir l’IA comme une menace pour le métier, Tim Meylan y voit plutôt un outil complémentaire qui peut augmenter l’efficacité et la créativité des designers. « Ces technologies permettent d’aller beaucoup plus vite, par exemple pour détourer une image. C’est comme un employé en plus. On peut pousser beaucoup plus loin nos visuels ». 

Cette vision de l’IA comme collaborateur s’étend également aux aspects stratégiques du métier. Tim Meylan souligne que l’IA peut par exemple aider à évaluer et synthétiser de volumineux dossiers et descriptifs de marque. Il s’agit donc d’un outil formidable pour pousser plus loin, à condition de l’utiliser judicieusement. 

Pour Tim Meylan, la différence entre un amateur et un professionnel réside dans la façon d’utiliser ces nouvelles technologies. « Il faut rester actif et ne pas faire comme le profane qui se contente du premier résultat généré par l’IA »., » précise-t-il, insistant sur l’importance d’une approche critique et d’un processus itératif dans l’utilisation des outils. 

Le rôle des graphistes à repenser ?

En conclusion de sa présentation, l’enseignant a rappelé que l’IA n’était pas une menace ni une solution miracle pour le graphiste, mais un changement de paradigme. « Elle transforme outils et méthodes, nous invitant à repenser le rôle des graphistes : créateur ? curateur ? traducteur d’idées en formes visuelles ? » 

Cette transformation du métier met en valeur ce qui reste proprement humain dans le processus créatif. « Plus que jamais, le regard du graphiste, sa culture et son sens du choix feront la différence », conclut Tim Meylan.  

Propos recueillis le 13 mai 2025 à Monthey lors de la Conférence PRISM